Commission Vérité et Réconciliation
(1995–2001), en anglais Truth and Reconciliation Commission
Commission d’enquête sud-africaine sur les crimes, en particulier les atteintes aux droits de l'homme, commis durant la période de l’apartheid (à dater de mars 1960).
Prévue par la Constitution intérimaire de 1993, elle fut mise en place par la loi d’Encouragement à l’union nationale et à la réconciliation (1995).
Toute la vérité, pour une réconciliation
Elle avait pour mandat :
- de faire la lumière sur les atteintes aux droits de l’homme par le témoignage direct de ceux qui s’en estimaient victimes ou complices (auquel cas un aveu complet pouvait valoir l’amnistie) ;
- d’œuvrer à la réhabilitation symbolique, légale ou simplement administrative, des survivants et des morts (par exemple, l’obtention d’un certificat de décès) dans le cadre de la famille, d’une communauté ou de la Nation ; ou encore de proposer une réparation pécuniaire ;
- de proposer des recommandations afin d’éviter de futures atteintes aux droits de l’homme.
La Commission a établi que, si la politique d'apartheid menée par l'État était bien un crime contre l'humanité, les deux antagonistes (État et mouvements de « libération nationale ») avaient commis des crimes, actes répréhensibles que la société se devait de reconnaître (en nommant le crime, l’auteur, la victime, et la réparation) afin de s’en préserver à l’avenir. Le programme serait ensuite : cohabiter mais se souvenir.
Placée sous la haute autorité morale de Mgr Desmond Tutu, la Commission a mis l’accent sur le pardon.
Pour en savoir plus, voir l'article réconciliation nationale.
Une entreprise colossale
Répartie en trois sous-commissions (Atteinte aux droits de l’homme, Amnestie, Réparation et réhabilitation), la Commission Vérité et Réconciliation a employé, y compris hors d’Afrique du Sud, des centaines de collaborateurs, notamment pour traduire ou transcrire les témoignages, lesquels étaient recueillis dans la langue choisie par le témoin (or l’Afrique du Sud actuelle compte 11 langues officielles).
Certaines auditions étaient consacrées à des témoins intitutionnels : la Commission a entendu ou tenté d’entendre les médias, les professionnels de santé, les juges (qui ont refusé), le personnel pénitentiaire.
Plus de 21 000 personnes sont venues témoigner, dont une majorité de victimes, mais aussi des bourreaux. Les victimes sont en majorité :
- des très jeunes (entre 13 et 24 ans à l’époque) ;
- des Noirs ;
- des hommes (Les femmes ont été sous-représentées ; la Commission a reconnu que l’histoire des femmes victimes ou complices de l’apartheid était encore à écrire.)
La Commission a déploré la destruction volontaire de documents par les services de police et ce, jusqu’en 1996.